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Lorsque les positions se durcissent…

On parle de plus en plus des discussions, mais aussi des débats sur la formation du nouveau gouvernement. L’option pour une personnalité indépendante comme chef de gouvernement n’est pas en reste. Un gage que le dialogue touche plus en profondeur les problèmes des citoyens et les impératifs essentiellement économiques du pays. Tout ce qui se prépare, à l’instar des positions prises par les deux leaders d’Ennahdha, Ali Laârayedh et Mohamed Ben Salem, pour la nomination d’une personnalité indépendante, peut-il être interprété comme une sorte de concessions consenties par Ennahdha, et tout particulièrement l’aile «dure» du parti islamiste et qu’on a pris l’habitude d’appeler les faucons ?

Cependant, pour que l’équilibre soit parfait, ces concessions ne doivent pas provenir uniquement d’un seul côté. Mais de toutes les parties concernées par la formation du gouvernement. Cela entraîne inévitablement des «frustrations». Elles sont toutefois vivables si elles sont partagées.

Pour le parti islamiste, il  s’agit de ne pas suivre le chemin tracé et l’expérience vécue du temps de la Troïka. Une personnalité indépendante et consensuelle à la tête du gouvernement est de nature à assurer la continuité du processus démocratique dans lequel s’est engagé le pays,  à mettre en œuvre les consensus issus de cet exercice important dans la consécration du modèle démocratique tunisien.

Les hommes d’Ennahdha savent parfaitement que dans un climat de suspicion de plus en plus prononcé, le droit à l’erreur n’est quasiment plus accepté. Le contexte actuel dans lequel se forme le gouvernement  n’oblige-t-il pas le parti islamiste, même malgré lui, à penser à une personnalité indépendante et loin des quotas partisans? Sans complexe et peut-être aussi sans embrouille… En demande-t-on trop à Ennahdha ? Nul ne peut monopoliser la gouvernance de la Tunisie, et l’on ne devrait pas accepter que certains fassent de la récupération par rapport à la nouvelle donne politique, et encore moins en fonction des dernières élections législatives.

Cibles forcées dans un contexte où le droit à l’erreur n’est plus du tout toléré, les hommes politiques cristallisent la colère. Ils sont souvent au cœur des polémiques, de critiques virulentes. Au lieu de faire le procès de ces hommes et femmes désignés dans le gouvernement, faisons plutôt celui d’un système politique qui n’est pas vraiment adapté au contexte  d’aujourd’hui. Donnons-leur les moyens de moins se tromper. La démocratie tunisienne évolue. Mais la manière d’arbitrer et de gérer la chose publique ne suit pas. Au-delà des contraintes et obligations que cela  génère, les positions doivent aussi évoluer afin d’apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions. Lorsque les positions se durcissent, c’est la démocratie qui en accuse le coup. La confiance, la sérénité et les négociations paisibles sont abandonnées dans les tiroirs. C’est dire à quel point les responsables d’aujourd’hui n’ont pas toujours conscience de la réalité. Il y a de plus en plus de dérapages commis en toute impunité. Il est temps d’agir auprès de toutes les parties qui rendent impossible la vie aux Tunisiens …

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